Aujourd’hui c’est lundi. (ft. Napier) [TERMINÉ]

Aujourd’hui c’est lundi, et comme chaque lundi Shinzen démarre sa routine hebdomadaire.
Depuis le balcon de son appartement elle contemple son quartier, ces terres qu’elle dirige depuis maintenant quelques mois. Peu de temps seulement, et pourtant le progrès se fait déjà déjà ressentir, il est cinq heures trente du matin et pas un bruit ne se fait entendre, si ce n’est le gazouillis des oiseau qui eux comme elle commencent leur journée.
Après une courte douche et correctement habillée, notre jeune boss entame son tour de propriété, accompagnée de son gorille, quand bien même Shinzen soit capable de se défendre seule ; l’image imposante de gros bras à ses côtés parfois joue lorsqu’il s’agit de dérouter les petits malins qui penseraient pouvoir lui prendre le contrôle.
6 heures tapantes, les premiers ouvriers et autres travailleurs partent à leur tour, c’est alors aussi le début de la journée des recrues du gang, qui assurent la sécurité dans le quartier.
La matinée s’annonçant calme, et une fois la balade terminée, Shinzen et son sbire se retranche alors dans une allée étroite aux abords d’un café encore fermée à cette heure.
Une trappe s’ouvre, elle prend la main de son acolyte et s’engouffre dans la cave qui constitue son QG.
Pour une heure encore les activités se résumeront à des discussions utilitaires et techniques entre les quelques membres haut placés, organisation des patrouille, répartitions des ressources, plan d’aides aux personnes en besoin, etc...

Là où un étranger y verrait un faubourg tout à fait charmant et respectable, Shinzen et ses alliés s’assuraient de sa préservation des vices et de la corruption dont il fut victimes durant de nombreuses années passées.
Là où la police échoua à mainte reprises, elle, réussit. De ce fait, elle eut l'approbation de la majorité et personne n'empêcha réellement ses actions.
Le crime était minime aux yeux du public, et grâce à sa taxe mensuelle, tout habitant de son territoire était aisé, des richesses plus ou moins bien réparties entre chaque individu, n’en déplaise aux plus riches ; de toute manière ce n’était pas un choix.
Shinzen était heureuse sachant qu’elle permettait aux populations de vivre à l’abri, sous ses ailes protectrices, n’ayant plus à côtoyer la misère et la violence qu’elle put connaître dans son enfance.

Néanmoins ses ambitions ne s’arrêtent pas là, Shinzen, elle voit en grand. Bien qu’irréalisable pour le moment, elle le sait, il faudra s’étendre.
C’est avec ces pensées en tête qu’elle quitte la salle de réunion et monte au café d’en dessus, tout juste ouvert.
Elle s’installe à table, et commande son petit déjeuner.

Aujourd'hui c'est lundi, et comme chaque lundi le seul avion depuis Dublin finit son direct dans ce trou urbain. La ville, le bitume, trois voitures par mètre carré et quelques poubelles cramées dans un coin de la route: ce genre de paysages s'est déjà laissé contempler un certain de nombre de fois par Napier à différentes occasions professionnelles, mais quand on a passé la moitié de sa vie dans une ferme à éventrer des vaches dans la boue on ne s'habitue jamais vraiment.

Le cliquetis d'une jambe mécanique sur le trottoir de la ville, le bruit d'une femme qui a claqué ses dernières économies dans un bus pour aller de l'aéroport à ici, et ce à la recherche de la première chose qu'il puisse arriver, ou d'un abri des souvenirs des années folles. Fuir le passé en cherchant le futur ou quelque chose du genre. Enfin, en l'occurrence la vraie seule chose que cherchait Napier dans l'absolu c'était quelque chose à bouffer, l'avion ça creuse. De toute façon est-ce que ça existe encore des croissants à moins de 5 dollars dans une ville?

Il est encore tôt, quelques boutiques commencent seulement à ouvrir et la faune nocturne locale commence à peine à laisser place aux boîtes de ferrailles roulantes qui crachent du gaz. Enfin bon, c'est comme ça que ça marche, c'est plus important de chercher de quoi se rassasier pour le moment. Après une dizaine de minutes de marche/boîtage accompagné de la douce mélodie d'un FamiTracker dans les oreilles son dévolu se jeta sur un petit café de ruelle à l'enseigne à peine visible. "Le prix devrait probablement pas être très élevé dans un endroit pareil, et puis si au pire il y a pas de croissant j'aurais au moins de la caféine pour tenir."

Elle entre, lâchant un bonjour possèdent autant d'entrain qu'il y a d'énergie dans un enfant mort-né alors qu'elle passe la porte. Elle s'écrasa nonchalamment dans la première chaise avait le malheur de se trouver au plus près, balança son sac sur celle d'à côté, et attendit que la gamine et son sugar daddy de deux mètres finissent de commander leur cake au fruit.

Avec la nouvelle arrivante le cours des pensées de Shinzen fut perturbé. Une dame estropiée s’était assise à côté d’elle mais impossible de l’identifier : « Sans doute une étrangère. », se disait elle. Lui renvoyant son regard, elle lui sourit.
Shinzen se retourna et fit signe au patron de l’enseigne de venir, histoire de commander.
« Maurice, sers nous la même chose que d’habitude, et prends donc un assiette supplémentaire pour notre nouvelle camarade, de ma part. »
Maurice acquiesça et transmit la commande aux fourneaux.
« J’espère que que tu aimes les œufs pochés. », envoya-t-elle guillerette à l’inconnue avant de reprendre un ton plus sérieux. « Je ne t’ai jamais vue ici auparavant, c’est pas souvent qu’il y a des nouveaux dans ce quartier. »
Aussi fut-elle interrompue par le service, trois assiettes rustiquement présentées, sur chacune un toast, et reposés dessus deux œufs pochés .
« Je te remercie Maurice. »,puis elle se tourna de nouveau vers son interlocutrice. « À boire ? »

Pour un petit bistrot de ruelle l'endroit était tout à fait acceptable, bien qu'un peu excessif dans le côté rustique. Napier s'était installé sur un des sièges du bar, à une chaise d'intervalle des seuls deux autres clients de l'endroit. Elle était enfin prête à commander son casse-croûte, et elle l'aurait fait si elle ne s'était pas fait doubler par sa voisine de comptoir. Inutile de dire qu'elle était étonnée, un léger "Quoi?" avait même discrètement fuit ses lèvres. Un œuf, c'est pas vraiment l'idéal pour remplir un estomac ais au moins ça fait des protéines.

" Je ne t’ai jamais vue ici auparavant, c’est pas souvent qu’il y a des nouveaux dans ce quartier. "

  Elle se tourna vers son interlocutrice avec l'inspiration d'une réponse en tête avant d'être frappé d'un détail assez perturbant: la petite oreillette qu'avait l'armoire à glace qui l'accompagnait, sa dégaine et surtout son côté excessivement silencieux, pour ne pas dire invisible. Soit il était un videur de boîte et vient de finir son boulot, soit c'est un garde du corps, dans les deux cas il en impose beaucoup. C'est là que cette gamine en vient à être tout aussi louche, elle traîne déjà avec un garde du corps alors qu'elle a à peine la vingtaine et affiche sans soucis le fait qu'elle recense les habitants du quartier. Une fille de mafieuse peut-être?
Napier passa sa main sur son sac en faisant semblant de s'étirer, sentir la culasse du M4 qui y était entreposé la rassura légèrement. D'ailleurs lui faire passer la frontière Européenne a été un exploit.

  Les toasts viennent d'arriver, cette odeur de pain grillé réveillerait les narines de tout le monde même dans ce léger moment d'oppression. Elle lâcha finalement sa réponse avant de croquer dans son petit déjeuner:
"Je viens d'un trou perdu d'Irlande."
Evasif, mais vrai. De toute façon l'accent marqué l'aurait annoncé assez vite.
Elle profita de la proposition d'une boisson et se retourna vers le barman.
"Dis Momo, tu peux me refiler un café? Très serré s'teupl'."
L'œuf finit par partir aussi vite qu'il était arrivé, ne laissant qu'une trainée de miettes dans l'assiette, et sur le comptoir.

Maurice, l’ayant entendue, plissa les yeux en réaction ce qui amusa Shinzen.
Elle contempla l’assiette de Napier avant de poser son regard sur la sienne constatant la vitesse à laquelle celle de sa voisine s’était vidée, elle qui n’en avait consommé encore que la moitié.
Avant que son ami le patron ne reparte, elle commanda à son tour.
« Fais donc de même pour nous, s’il te plaît. »
Bien qu’un peu agacé, "Momo" prit la commande et parti préparer les cafés.
Alexandre, le garde du corps, remarqua l’attitude méfiante de Napier et saisit sa patronne par l’épaule, lui transmettant à voix basse son constat.
Shinzen lui répondit alors en posant sa main sur la sienne, d’un air de dire « T’inquiètes, je gère. » avant de reprendre le cours de la discussion.
« L’Irlande tu dis ? À l’accent je l’aurait parié. Et du coup, qu’est-ce qui ramène une irlandaise aux États-Unis d’Amérique, hum ? »

Une petite discussion remarquée du coin de l'oeil, finalement Monsieur n'est pas aussi muet qu'il en a l'air.
" Ce que je fais ici, hein. "

  Elle marqua un temps de réflexion. Le garde a probablement remarqué la position de méfiance de Napier, le mettant lui même sur la défensive. Il est probablement armé et, si cette gamine a réellement un minimum d'influence alors le Maurice pourrait éventuellement avoir des surprises du côté de son comptoir. Les chances que la situation dégénère étaient infimes, mais ils existaient, et les statistiques sont toujours plus impitoyables que les faits qui surviennent. Dans les deux cas répondre de travers pourrait être dangereux: subtilité s'impose.
  Toutefois la subtilité n'a jamais été le fort de Napier.

  " Je traîne, je cherche, on dit qu'il y a trois fois plus de choses à faire ici que sur le vieux continent. C'est probablement plus du tout d'actualité mais si quoi que ce soit pouvait me permettre de tenir un peu plus longtemps j'pense que c'est dans ce pays de merde que j'ai le plus de chances de trouver un truc. Et part un truc j'entend du fric, parce que j'ai claqué tout ce qu'il me restait pour venir. "

  Se dire vagabonde quand on a quelques badges militaires et un fusil dans son sac fait toujours un peu bizarre sur la langue, mais c'était le cas. Elle profita de l'échange pour lui retourner une question, cartes sur table cette fois.

  " Et pourquoi est-ce qu'une gamine comme toi aurait besoin d'un gorille de compagnie si c'est juste pour faire la charité aux SDF du coin? "

  Si le garde se doute autant annoncer la couleur, qu'est-ce qu'elle risquait de si grave après tout.
Momo revint avec deux cafés. Un cul-sec et un merci à moitié écorché plus tard, la boisson avait déjà rejoint le petit déjeuner.

Le regard inquiet du Gorille s’apaisa après ces dernières paroles, l’étrangère ne représentera un danger, Alexandre en avait la certitude, elle n’avait pas la moindre idée d’à qui elle s’adressait.
Shinzen, quand à elle, cette fois ci ne pu s’empêcher de laisser s’échapper un petit ricanement, bu aussi son café avant de reprendre son calme.

« Tu n’as vraiment aucune idée d’où tu es arrivée, dis moi.
Bah, ça arrive. Je suppose que des présentations s’imposent alors ? »

La jeune femme s’accouda au bar, ses yeux rivés dans ceux de son interlocutrice, sérieuse.

« Moi, les gens me connaissent sous le nom de Shinzen, c’est moi qui dirige ici, depuis quelques temps déjà. Je m’occupe de la sécurisation du quartier et de la préservation de son bien-être.
Si c’est de l’argent facile et frauduleux que tu cherches à te faire, je te conseille de ne pas rester ici, ça pourrait vite mal tourner pour toi. Mais, si tu te montre une honnête citoyenne, restes donc, tu pourra trouver une place quelque part ici, y’a eu un sacré ménage dernièrement, en conséquence y’a pas mal de places vacantes. »

Shinzen s’étira avant de reprendre une posture plus normale.

« Le vice et la corruption sont des maux dont il est bien difficiles de se débarrasser, mais nous faisons de notre mieux. Je ne suis pas une ange non plus, mais sache que je ne pense qu’au bien d’autrui.
Reposes donc tes mains sur le comptoir ; si tes intentions sont nobles, tu ne risquera rien ici, tu peux me croire. »

" ...Pffrt. "

  Elle lâcha un léger pouffement de rire, il était à peine audible mais... même si cette "Shinzen" ne l'a pas entendu alors son garde l'a fait pour elle. Dans les deux cas le rictus qu'affichait Napier était parfaitement visible, et ce n'est surement pas le fait de le cacher avec les manches de son imperméable qui allait l'aider. Le rire était si soudain qu'elle en avait presque lâché une larme.

  " Ok alors... Je sais pas si t'es mégalomane ou si c'est juste une blague bizarre mais... Waouh, tes conneries j'y crois pas une seconde. Et puis, "Shinzen", c'est un nom ça? Ça vient de l'Est? Tu serais pas ce genre de gamines qui va en conventions après avoir vu trop d'anime? Remarque tu m'as pas l'air d'être cosplayé en quoi que ce soit. "

  Il se pourrait que ce ne soit réellement qu'une gosse de riche qui joue toujours à la poupée après ses vingt ans. Toutefois, on voit tellement de choses folles de nos jours... Et si c'était vrai; une Shinzen Lupin, ou une connerie du genre, qui gère la loi d'un bout de ville sans faire attention à la législation mise en place. Le rictus de Napier s'effaça pour un regard tout aussi sérieux que celui de son interlocutrice, elle décolla de sa chaise et la toisa, celle qui se fait appeler Shinzen.

  " Dis moi... Si tu gères vraiment cet endroit par toi même tu n'aurais pas vraiment besoin, disons, de "main d'oeuvre qualifiée"? "

Omettant la précédente interaction, Shinzen complu à la requête de l’irlandaise.

« C’est donc bien un travail que tu cherches. Intéressant.
En effet, une main d’œuvre supplémentaire ne serait pas de refus, mais avant de donner un poste à n’importe qui ; je t’en prie présente toi, en quoi est tu qualifiée, que pense tu faire si je décide finalement de te recruter ? »

Napier lâcha un petit ricanement; passer du petit déjeuner à un entretien d'embauche avec la gamine qui vous a offert un œuf, on voit effectivement de tout dans ce monde. Elle récupéra un petit carnet dans la pochette annexe de son sac, ce genre de cahier qui sert normalement à noter des numéros de téléphone ou des notes de la vie de tout les jours.

" Tout d'abord, appelez moi Napier et, en ce qui concerne mes qualifications, j'ai la chance d'avoir un "CV" avec  moi. "

  Elle se retourna vers la jeunette, son ton décontracté avait été abandonné pour quelque chose de beaucoup plus professionnel, pour ne pas dire un impersonnel. Un éclaircissement de gorge plus tard, elle entama la lecture de ses notes:

" Très bien, voyons voir ça... J'espère que vous n'avez rien contre une communication orale, ce genre d'échange s'effectue d'habitude avec de la paperasse. Bon, en ce qui concerne le parcours professionnel: 13 ans dans l'armée, presque pile. De première classe à quasiment sergent dans les brigades d'infanterie mécanisée. Evidemment ça inclut pas mal de choses côté compétences: utilisation d'armes à feu, permis poids lourd, ingénierie automobile, stratégie en terrain ouvert et fermé, gestion de troupes, gérer de la paperasse administrative, etc... J'ai aussi appris à piloter un hélico une fois, à contre cœur. Enfin bon. "

  Elle lança vulgairement son livret comme s'il s'agissait d'un frisbee, un coup se fit entendre depuis le dossier de la chaise sur laquelle elle s'était installée à l'origine.

" Ce qui est réellement important c'est plutôt ce qu'il s'est passé après, j'ai beau être originaire de la campagne j'ai passé la majorité de mes dernières années dans les quartiers pourris de Dublin, après l'accident que j'ai eu -je pense que vous avez remarqué la prothèse depuis- on m'a juste lâché dans la ville après m'avoir payé mes soins. Pendant que je m'amusais sur le front du moyen-orient tout ce qui pouvait m’accueillir à mon retour avait finit par partir, résultat j'avais plus vraiment d'endroit où aller, à part la rue. Enfin, tout ça pour dire que je sais à quoi ça ressemble des quartiers pauvres et en difficulté où la justice a du mal à se faire entendre, j'y ai créché, et j'ai du mal à croire que ce genre d'endroit soit différent ici. "

  Un léger "Enfin voilà." se fit entendre. Elle attendait maintenant une réponse de la part de Shinzen, tout aussi prête pour un "Non" que pour un éventuel "Oui" alors qu'elle la regardait avec un masque de sérieux qu'elle n'avait pas porté depuis bien longtemps.

« ... »
Surprenant, Shinzen ne s’attendait pas du tout à un tel discours de la part d’une étrangère.
Les yeux béants, légèrement rougissante, elle prit un moment pour traiter l’information qui venait de lui être transmise avant de se retourner vers Alexandre, qui entre temps avait entamé une discussion avec le gérant du café.
Shinzen l’interrompit et lui exposa ses pensées, laissant Napier attendre de son côté une réponse.
Après quelques minutes de réflexion, guidée par les conseils de son garde du corps, notre jeune dirigeante revint à ses esprits, et calmement répondu à son aînée.

« Donc, Napier, ce carnet contient les preuves de ce que tu avances, c'est ça ?
Et bien, je dois avouer que le groupe aurait bien besoin d’une personne qualifiée comme toi, y'a pas à dire, tu serais bien utile. »
Elle marqua une pause.

« Cependant je dois te demander; quelles seraient tes attentes au sein de notre organisation, que penses tu y faire, et que penses tu en tirer ? »

Même si le dit Alexandre ne se sentait pas particulièrement concerné, ce discours a eu l'air de faire de l'effet sur la gamine. En bien ou en mal, ça c'est encore à voir.
Quelques minutes de poireautage au milieu du café dû au fameux "moment de réflexion". Cet entretien d’embauche sent tellement l'improvisé que cela en donnerait le tournis aux fonctionnaires les plus aguerris du marché de l'emploi; aucune pièce d'identité ou preuve données de ce qui a été avancé. Ce sujet arriva évidemment très vite sur le plateau.

" Ce carnet existe juste pour les notes vous savez, mais j'ai effectivement des preuves de ce que j'avance dans mon sac; les badges, médailles, documents, ce genre de choses sont comme des souvenirs de voyage maintenant. "

  Et enfin arriva la fameuse "Pourquoi?" à laquelle personne n'est censé répondre "pour gagner de l'argent et une situation stable". Mais quoi dire sinon.

" Je pense que vous avez compris que je suis dans une situation financière catastrophique et que j'ai économiquement besoin d'un minimum. Le fait est que vous avez mentionné deux choses, tout d'abord que je dois suivre la justice mise en place, et surtout que VOUS êtes la justice mise en place, et je dois avouer qu'en venant j'ai vu quelques endroits où cette idée de "justice" n'était pas vraiment optimisée. En gros, je suis censée bien me comporter, faire mon devoir de citoyen, et en même temps je pourrais aider grâce aux quelques compétences que j'ai accumulé avec le temps, le tout en espérant pouvoir amasser assez d'argent afin d'avoir accès à une douche et un morceau de viande. De plus, si vos beaux discours étaient juste du baratin je m'en rendrait compte assez vite, et là ça sera probablement une autre justice qui va sonner. Voilà. "

  Un long pavé verbal pour peu de chose. Et probablement une nouvelle attente pour avoir le droit à une réponse.

« Eh bah, ça paraît promoteur tout ça. »

Shinzen fit signe à son garde du corps de s’intéresser au dit sac, il s’exécuta.
« Permettez ? », exprima Alexandre avant de saisir le large sac aux pieds de Napier.

La plus jeune des deux reprit l’échange verbal.
« Je vais partir du principe que ce que tu dis est vrai, si tel est le cas, et bien je vais pouvoir t’introduire aux autres d’ici peu.
Vu ton expérience, une fois la période d’insertion terminée, tu sera bien utile à l’instruction et la mise à niveau de tout un chacun, cela va de même pour moi. Si nous voulons étendre notre influence, il nous faudra plus de compétences, et plus de membres ; une personne comme toi, ça nous ramènera les deux, c’est pas mal. »

De son côté notre admirable gorille inspectait le contenu du sac, en commençant par la poche centrale : bouteille d’eau, cigarettes, magasines, d’un côté le linge propre, de l’autre le sale, quelques outils récurrents chez les voyageurs et une vieille odeur d’alcool. Visiblement rien de réellement important, pas d’objet de valeur ou de papiers ici.
« C’est une personne simple. », pense alors Alexandre, avant de remarquer un léger éclat métallique en fond de sac.
De ses mains puissante il sortit du sac l’arme dissimulée et la déposa sur le bar.
« Arme de catégorie B, une carabine de modèle M4. », confirma-t-il.

« Rien que ça ? C’est pour l’auto-défense je suppose ? T’inquiètes je te demanderai pas l’autorisation; enfin, tout de même, bravo pour avoir fait passer ça à l’aéroport. », lança Shinzen à Napier pendant qu’Alexandre reprit sa fouille.

Dans la poche avant, tout les documents nécessaires étaient là dans une pochette accompagné de quelques autres babioles, des souvenirs sans doute.

« Tout y est donc, eh c’est ça de fait.
Bonne mentalité, excellentes capacités, ouais tu rentres si t’en as envie.
Sinon t’as d’autres questions ? »

Et l'inspection du sac commença, qu'Alexandre demande la permission ou pas Napier n'était de toute façon pas en position de refuser. La grande partie de l’interaction de résuma à mettre du désordre dans plus de désordre, ou tout du moins jusqu'à ce qu'il récupère la fameuse arme: le début d'un "attention" fut lâché par l'irlandaise mais le mal était déjà fait.

" Ouais, de l'auto-défense, c'est toujours mieux d'avoir ce genre d'engin quand on veut éviter de finir sois-même avec du plomb dans les ovaires. En gros vous avez votre Alexandre et moi j'ai ça, c'est à peu près le même genre de concept. Ah, et tant qu'on fait le contrôle des armes... "

  Napier déboutonna le bas de son imperméable dans le but d'accéder à sa jambe: au dessus de sa prothèse était présente une lanière en tissu, un revolver y était attaché. Elle le récupéra pour le placer à côté du M4, c'était une vieille relique rouillée datant d'une époque perdue mais qui devait probablement fonctionner encore un peu.

" Un Colt SAA, celui là a surtout une valeur sentimentale, et puis c'est peut être une drôle de manière de prouver mon honnêteté mais si j'étais venu ici pour semer la pagaille je l'aurais probablement déjà fait. "
Elle se retourna vers le sac pour le ranger le plus rapidement possible après que King Kong ait fait sa guerre dans les culottes sales.
" En ce qui concerne les question j'en ai effectivement quelques une: primo, est-ce que je suis censé vous tutoyer ou te vouvoyer? Je me suis un peu perdu sur les formalités en route. Secondo, si vous connaissez un quelconque endroit où je pourrais m'installer ça serait le pied, en sachant que de toute façon je pourrais survivre dans un carton. Et puis tercero, c'est quoi les premiers ordres? "

« Tutoie-moi si t’en a envie, t’es mon aînée de toute manière, non ? 
Tu m’excusera, je reviens.»
Shinzen se leva pour aller payer de déjeuner et revint.

« Pour l’histoire du logement, je peux t’arranger une chambre d’hôtel le temps que t’aie ta première paie. Il y en a un petit en coin de rue, t’as du le remarquer en passant.
Mais avant ça, suis moi. »
Elle invita ses camarades à se lever, remercia Maurice de son service et se dirigea vers l’arrière boutique où se trouvait l’escalier menant à la cave.

« Là dessous, y’a quelques gars qui travaille, la compta surtout, mais on a eu une réunion ce matin et la plupart des invités doivent encore s’y trouver, ils seront tes personnes de références à partir de maintenant, si tu as une question particulière sur un domaine précis c’est à eux qu’il faudra t’adresser, moi j’organise surtout tout ce beau monde. »
Une fois descendus Shinzen mena Napier à la salle de réunion, encore plus ou moins remplie de discussion et l’y invita.

« Ta première tâche, tu l’aura compris, sera de faire connaissance avec tout le monde, pour ton rôle, on verra après t’en fait pas. »
Une gentille tape dans le dos de la part d’Alexandre, Napier entra dans la salle.