Waisukeï's Stories
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[RP solo] Pendant ce temps...

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Message par Ereshi Lun 4 Avr - 13:00

Ça avait commencé par de violentes secousses, puis un cri de rage terrifiant avait retenti dans la ville entière, faisant vibrer chaque mur et chaque non-mur. L'endroit entier avait commencé à fondre, à se remodeler, à se décomposer au rythme du battement du coeur du maître des lieux. Sans emprise sur sa cité maudite, le Kazeirnero du Chaos n'avait pas pu la sauver des lois de la physique.
Les parties faites en pudding de larves avaient fondu. Le sable d'étoile empaillé s'était dissipé. Les marionnettes ricanantes s'étaient tues et étaient tombées sur les briques de métal, désormais dépourvues de fils.

Les principales victimes du carnage au Primitium avaient été la faune surprenante que s'était constituée Illusion pour garnir sa ville. Sa fière escouade de cupcakes en lévitation avait perdu toute capacité motrice. Ses plantes à réaction nucléaire, privées d'humidité, étaient réduites à des tiges sèches qui n'émettaient plus qu'une vague lueur verdâtre quand la nuit venait. Les différentes "attractions" de la ville n'avaient plus aucune existence propre. Sans le chef d'orchestre, plus rien ne fonctionnait.

Par bonheur, les morceaux les plus solides d'Illusiotopia reposaient sur un gigantesque Gakatsu dont le corps serpentin s'enroulait autour des ruines. Il était là depuis des jours, des semaines même, et pourtant restait fidèle au poste, parfaitement immobile. Seul, mais sans pour autant ressentir le besoin de parler à qui que ce soit, son unique objectif était de protéger Tetralzyne, ses immenses ailes gardant les habitants à l'abri de la citadelle en miettes.

Cependant, le Gakatsu ignorait que dans ces fragments de pur chaos, il y avait une autre créature bien vivante qui ne demandait qu'à sortir de ces maudits décombres, et surtout, à quitter ce monde d'horreur dans lequel il était retenu prisonnier.
La salle où il se trouvait était toute entière plongée dans l'obscurité. Il n'y avait pas grand-chose d'intéressant à y voir. Pas d'yeux desséchés par le Primitium, pas d'arbres à grille-pains, pas de bestioles sans âme. On se demandait si Illusion, d'habitude si créatif avec ses "oeuvres", n'avait pas souffert d'une panne d'inspiration lors de sa conception.
Mais l'endroit lui-même n'avait aucune importance. Quand le contenu était si fabuleux et si intriguant, le contenant n'était pas quelque chose à regarder. Les murs noircis étaient même très utiles pour le Kazeirnero du Chaos. Son joujou préféré semblait devenir fou à l'idée de voir autant d'obscurité. Et la folie, c'était drôle. Tellement drôle.
Mais pas pour lui.

Depuis combien de temps était-il là? Des mois, des années, des siècles?
Probablement plus. Le temps n'avait aucune prise sur le monde magique d'Illusion.
Quand on ne sait pas à quoi ressemble le soleil ou la lune, la notion de secondes ou de minutes est un peu superflue.
Il savait à quoi ressemblait le monde. Il l'avait vu quand la cité avait commencé à s'effondrer.
Mais cette vision fugitive avait soudainement été recouverte par quelque chose, et maintenant, il se demandait s'il n'avait pas rêvé.

Accroché au mur, il trouvait le temps vraiment long, et avait de plus en plus de mal à s'accrocher à l'espoir qu'un jour, peut-être, quelqu'un viendrait le chercher. Que cette même chose qui lui avait caché la vue se rendrait compte qu'il était là.
Ca faisait tellement longtemps que le monstre n'était pas revenu. D'un côté, il lui manquait presque. Même s'il n'arrêtait pas de lui faire mal, horriblement mal, au moins il parlait un peu. Au moins quelque chose se passait. Au moins le monstre lui laissait parfois un crocodragoscorparaignée pour lui tenir compagnie. La compagnie le piquait le frappait le mordait le mâchait le tapait mais au moins c'était toujours un autre être vivant, c'était toujours quelque chose qui bougeait.

Etait-il lui-même vivant ou était-il juste une chose qui croyait l'être?
Il ne savait pas vraiment mais il avait bien un nom.
Un nom, c'était le premier pas vers le vivant, n'est-ce pas?
Il s'appelait Aleron Kazuchroma. C'était le monstre qui l'avait dit.
Mais il ne savait pas vraiment s'il pouvait croire le monstre. Après tout, il n'arrêtait pas de lui faire des choses affreuses.

Comme cette fois où des éclairs horribles lui avaient déchiré la peau, comme cette fois où une longue plante avait planté ses aiguilles partout dans son corps, comme cette fois où des mâchoires ensanglantées avaient mordu ses yeux...
Mais à chaque fois le monstre lui rendait ce qu'il avait perdu et ensuite il recommençait.
Puis un jour le monstre avait reçu un invité et tout s'était effondré, et maintenant le monstre ne revenait plus...

...
Reprends tes esprits, Aleron.
Ce n'est pas un monstre.
Il s'appelle Illusion. Tu le sais, ça. Tu le sais, n'est-ce pas?
Rappelle-toi. Rappelle-toi bien. Regarde. Rends-lui ce qu'il t'a fait.
Là, regarde, là, il est juste devant toi. Tu le vois?

Un sourire passe sur ses lèvres alors qu'il se cabre. Le mur le retient prisonnier mais il se redresse quand même. Dans ses yeux bleu glacier, une étincelle de joie furieuse ranime le peu de vie que ce pauvre cadavre immortel possède.

Là. Juste là. Oui, il est là, tu le vois, hein?
Regarde. Regarde comme il se tord et comme il convulse.
Il a mal. Tu lui fais mal.
Continue.

Il commence à ricaner, seul, seul dans la salle noire. Sa mâchoire tombe et remonte alors qu'il laisse échapper un rire moqueur et désespéré. Il bouge, il se débat, il rit et se moque du plancher.

Frappe. Frappe. Encore et encore.
Regarde comme il crie et pleure.
Continue de frapper. Ou mords-le, c'est bien aussi.
Tu peux tout faire ici.
C'est tellement pratique.
Oh, tu le griffes maintenant? C'est une bonne idée.
Vise les yeux.
Après tout il l'a bien mérité.

Et il rit, il rit, à s'en décrocher la mâchoire, sa tête part en arrière, ses cheveux blancs se collent au mur. Il hurle de rire, tout seul dans sa grande prison noire.

Tiens, il ne bouge plus.
Ce n'est pas une raison pour t'arrêter.
Rappelle-toi, c'est Illusion, le monstre qui t'a tant torturé.
Depuis combien de temps te garde-t-il enfermé?
Sa mort ne devrait pas t'arrêter.
Ce n'est pas comme s'il t'avait empêché de mourir depuis tout ce temps.
Allez, continue jusqu'à ce qu'on ne puisse plus le différencier du plancher.

Alors que ses éclats de rire s'affaiblissent, sa tête retombe lentement. Maintenant, ce sont des larmes qui coulent. Il voudrait tellement que ce soit réel. Il voudrait tellement que ce soit vraiment le cadavre du monstre dans un coin de la pièce.
Mais il n'y a rien.
Il n'y a personne.
Il est tout seul.
Et personne ne vient le chercher.
Alors il pleure, il crie, il espère juste qu'on l'entendra.
S'il vous plaît. S'il vous plaît.
Au secours. Venez m'aider. S'il vous plaît. Je vous en supplie. Venez me sauver. Je ne peux plus continuer. Je ne peux plus vivre comme ça.
Je ne sais même pas si je vis déjà.
Ereshi
Ereshi

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Date d'inscription : 24/08/2014
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