L'embargo (ft. Ereshi)

Des milliers de navires de tout genres étaient entrain de s'approcher de Mirrirmina par tout les côtés. Un seul d'entre eux était vraiment différents, il s'agissait d'un vaisseau bien plus puissant et imposant..Le Kyuuro I, navire amiral du Synaten ! Appartenant à Valesi, il était naturel que ce navire prenne part à une opération navale de cette envergure.
Remis au goût du jour, c'est à dire équipé avec du Nakarium et agrandi de tout les côtés, il s'avançait fièrement non pas vers la Capitale, Kyasaã, mais vers la vieille plateforme du Koukuugan.
Pour le Maréchal, ce n'était pas rien. Il avait lui même construit cet endroit pour faire face à Rahel lorsque le Noiturloze s'était formé. C'était un lieu plein de souvenirs pour lui, et sa position stratégique sera importante lors de la bataille, si bataille il y a.

Deux heures plus tard, tout les vaisseaux de la flotte étaient en place. Le Koukuugan, vidé de ses robots détruits par l'armement Impérial (en gros, à coup de missiles), était à nouveau sous le contrôle de l'Empire du Noiturloze. Depuis la grande tour, il envoya un message à la Reine et ses sujets.

Ce message s'adresse à la population entière de Mirrirmina. L'Impératrice Rouge a demandé un embargo complet de votre pays, et il a été mis en place. Nous n'attaquerons rien ni personne. Sauf si quoique ce soit de non-autorisé s'approche à moins de cinq kilomètres des côtes. Les villages littoraux sont bien sûr épargnés, mais ne doivent pas s'avancer plus de deux cents mètres dans la mer. Une voie de ravitaillement contrôlée va être mise en place.

Ensuite, un message dirigé seulement vers la Capitale.

L'Impératrice vient de renier toute légitimité de votre famille pour le nom "Lastime." Dorénavant, vous redeviendrez Ereshi Dubaern. Votre Créateur aussi va devoir reprendre son ancien nom.

Des radars qui s'éteignaient, les uns après les autres. Des points rouges qui disparaissaient, parfois six d'entre eux en un coup. La reine de Mirrirmina, immobile dans la salle des cartes du Koukuugan, avait les poings serrés. Sa jeune soeur, Hiryn, la fixait de ses beaux yeux aigue-marine, presque tremblante. Jamais encore elle n'avait vu Ereshi dans un tel état.

Ce n'était pas tout à fait de la colère, ce n'était pas tout à fait de la tristesse. La reine des robots sentait ses yeux se remplir de larmes, mais elle ne faisait rien pour les stopper ou les cacher.
Elle avait donné l'ordre de ne pas opposer de résistance au Noiturloze. Il fallait limiter les dégâts autant que possible. Personne ne devait mourir. Il fallait juste serrer les dents et continuer à vivre. Mais l'attaque du Koukuugan ne pouvait pas la laisser de marbre. Même si elle ne comptait pas riposter pour l'instant, elle se sentait brûlante de haine.

La carte du Koukuugan fut soudain vidée de ses points rouges.
Hiryn regarda sa soeur, dont la main commençait à devenir écarlate sous l'action de ses ongles.

C'était peut-être ridicule pour les autres. C'était probablement ridicule pour le Noiturloze. Mais pour la reine des robots, c'était une tragédie. Car chaque point rouge était un des robots qu'elle avait construit.
Ces robots-là étaient particuliers. Ils étaient parmi les premiers qu'elle avait conçus. Ils étaient un peu balourds, pas si agiles que ça, mais ils avaient une grande puissance de feu. Leur intelligence artificielle était parfois douteuse, et ils tiraient sur tout ce qui était considéré comme non-identifié, mais ils étaient là pour protéger. Pour protéger le royaume des Tinerians. Ils étaient là depuis si longtemps, ils avaient été fabriqués des dizaines d'années de cela, et si on leur avait donné un peu plus de temps, ils auraient probablement pu tenir encore trente ans de plus.
Mais l'Empire en avait décidé autrement.

Ces robots, c'étaient ses enfants, c'étaient ses créations et ses fiertés. Elle connaissait leur matricule, elle connaissait leurs habitudes de trajet, elle aurait même pu réciter de mémoire leur compte de Tinerians tués au cours des cinq dernières années. Comme chacun des robots qu'elle avait créé, ils avaient tous une petite particularité, que ce soit un viseur vert, un bout de carapaçon noir, ou quoi que ce soit d'autre.
Et maintenant ils étaient tous morts. Ils gisaient en pièces détachés au sol. Parce que le Noiturloze avait cru qu'ils n'étaient que des tas de ferraille programmés pour tuer.

Un message arriva. Le contenu n'offusqua même pas la reine. Elle le laissa simplement tomber par terre. Elle s'en moquait.
Un nom n'était qu'un amas de lettres. C'était une chose qu'on pouvait changer à tout moment, c'était une chose immatérielle.
Les carcasses électroniques qui fumaient sur le terre-plein, encore parcourues de frémissements d'électricité, c'étaient des braves soldats qui n'avaient même pas compris ce qui venait de leur tomber dessus, ni pourquoi on leur voulait du mal. On ne leur avait même pas laissé une chance de se battre. On leur avait directement balancé des missiles et ça s'était fini comme ça.
Et ça, la reine de Mirrirmina ne le tolérerait pas.

Ereshi finit par sortir de la pièce, Hiryn sur les talons. Puis elle fit passer un message parmi toute sa population. Les nombreux écrans présents dans tout le royaume s'allumèrent et émirent tous la même voix.

N'essayez pas de les combattre. Ces soldats sont bien mieux équipés que vous. N'allez pas au-devant de votre mort. Cela ne vous servirait à rien. Restez chez vous et ne leur donnez aucune excuse pour vous tirer dessus. Si ils tirent, ils prouveront une fois de plus leur nature de barbares sanguinaires.

Au départ les habitants avaient voulu protester. Mais ensuite, la suite du message se fit entendre.

Je vous le promets. Le Noiturloze sentira ce qu'il en coûte de s'attaquer à Mirrirmina. Vous vivez sur les terres du plus vieux royaume du Waisukeï. Nous avons vu pire que ces Impériaux malingres. Je riposterai. Je ne laisserai pas le massacre du Koukuugan impuni. Je ne laisserai pas le Noiturloze attaquer mon peuple. Restez patients et déterminés. J'y parviendrai.

Dans le palais, Ereshi bandait la plaie qu'elle avait creusée dans sa propre main. Puis elle se dirigea au pas de course vers ses laboratoires.
Elle avait fait une promesse, et elle allait la tenir.