Une balade peu banale [Libre]

Il avait enfin pu se faufiler hors du château. Ca n'avait pas été un si grand défi, mais il était plutôt fier de lui. Quand il s'était réveillé - une drôle de sensation, il avait eu l'impression que son corps entier avait été transformé en coton, et il devrait essayer ça avec le pantin, ça pourrait être rigolo - il avait vu que la fillette était toujours endormie. Aussi il était sorti de la chambre, et après quelques pérégrinations hasardeuses au travers du château, il était parvenu à sortir au grand jour parmi les trottoirs tout carrés, les lampadaires bien droits et les immeubles cubiques.

Drôle d'extérieur, comment pouvait-on apprécier un pareil endroit? Tout se ressemblait, il n'y avait absolument aucune fantaisie là-dedans. Quelques arbres, peut-être, et encore. Ils étaient tous de la même couleur. Sérieusement, cet endroit était misérable! Pourquoi ne le laissait-on pas tout réarranger? C'était toujours plus sympa quand c'était lui qui était aux commandes. Il aurait vraiment aimé semer le Chaos un peu partout dans cet endroit barbant. Et puis il aurait eu plein de gens avec qui rigoler!

Ce qu'il n'aimait pas non plus, c'était ces trottoirs qui raclaient ses pieds. Illusion n'avait jamais entendu parler de l'utilité des chaussures, et de ce fait il était pieds nus. Le pire fut alors quand il s'approcha un peu trop près d'un lampadaire, si bien que ses orteils butèrent avec une violence inouïe contre le bout de métal.

Un hurlement sortit de sa bouche alors qu'il tomba au sol, complètement tétanisé par cette horrible douleur qui foudroyait ces saletés de petits bouts de chair blanchâtre au bout de ses pieds. Il sentit de l'humidité sur ses joues, qui avait jailli de ses yeux sans qu'il ne puisse la contrôler. Il haletait, alors qu'il entendit du remue-ménage autour de lui, comme si quelqu'un s'approchait. Il aurait bien voulu dire à cette personne de se mêler de ses affaires, mais il était trop concentré sur sa chair douloureuse.

La nuit commençait à peine à tomber sur la capitale de ce Royaume. Le Rempart, constitué d'innombrables pierres précieuses et de métaux transparents, rayonnait et donnait l'impression d'être au centre d'une mer de cristaux.
Les habitants étaient encore nombreux dans ces rues bien droites. Tout du moins, elles sont droites s'il ne s'agit pas de la zone autour de la Citadelle, qui était le premier village en dur de l'histoire de la région avant d'être rasé.

Un homme se remarquait facilement. Un Waisukïen, habillé en costume trois pièces noir, avec les pompes grises, les quatre mains dans le dos, se balada de manière nonchalante, regardant un peu partout, et relevant son chapeau de noir de temps en temps pour y voir quelque chose.

C'est alors que cet homme remarqua une personne bien étrange : On aurait dit un sans-abri à qui on venait d'offrir pantalon et t shirt. Les cheveux en bataille, les mains tremblantes, du mal à marcher et pieds nus. Sûrement un alcoolique, se dit notre homme. Mais quand le supposé sdf se fit vraiment bobo après s'être cogné le pied, l'étrange personnage s'approcha de lui, et lança d'un ton moqueur
"Vous allez bien ? Besoin d'un médecin peut être ?"

Saigo commencer à s'ennuyer, car de toute la journée elle n'était tombée sur rien d'intéressant. Aucune chaussure à sa taille, aucune robe à son goût mais enfin et surtout aucun sous-vêtements assez bien pour elle.
La nuit commençait à tomber quand elle décida de rentrer se coucher, espérant que demain la chasse soit plus fructueuse. Les rues devenait froides et malgré une grande lumière, elle sentait que la froideur de la nuit s'approcher.

Tandis qu'elle tourna à l'angle d'une ruelle, elle vit un homme étrange vêtue de noir, cela sembler être un costume trois pièces et l'homme n'en était pas un, il s'agissait d'un Waisukïen comme elle avait entendue parler peu de temps après son arrivée.

Elle se questionna à propos de celui-ci, car les Waisukïens étaient, pour elle, plutôt laids en général. Mais celui-ci était particulier, car elle ne savait pourquoi il se dégagait de celui-ci une aura qu'elle n'arrivait à identifier.

Plus elle avançait, plus la carrure de la personne devenait de plus en plus imposante. Elle vit dans un second temps un homme, plus maigre et moins imposant on pourrait même dire pitoyable en comparaison du colosse devant elle. Elle entendit le gentlemen à quatre bras s'adresser au maigrichon.

Lorsqu'elle fut alors à porté de vision des deux hommes, elle s'adressa au moins massif qui semblait souffrir:

Bonjour, enfin bonsoir, vous allez bien ?

Recroquevillé sur lui-même par terre, Illusion ne put que jeter des regards haineux aux alentours. Ce grand débile rigolerait moins s'il savait qui il était... Et pour qui se prenait cette greluche?! A moins qu'elle ne soit une peluche ou un mollusque...
Il tenta de se relever péniblement mais ces ridicules amas de chair continuaient de le faire souffrir. Avec difficulté, il tendit sa main vers le lampadaire et s'y agrippa de toutes ses forces, essayant de se remettre debout et de préserver les derniers pauvres fragments de dignité qui lui restaient.

Me suis jamais senti mieux. dit-il d'une voix un peu trop aiguë.

Bon sang, génial, le voilà dehors et maintenant il était déjà un objet de ridicule. Si ces deux idiots savaient qui il était, lui, le seigneur d'Illusiotopia et maître des kangourous à plumes! Il se sentait furieux, brûlant, petit, et surtout il avait très mal à la chair. Ca ne lui plaisait pas DU TOUT.